Le programme « Bibliothèques en prison » prend le virage du numérique
Depuis 10 ans, les détenus des 28 prisons du Cambodge peuvent s’évader de leur quotidien carcéral le temps d’une lecture. Dans les trois années qui viennent, ils auront également accès à des tablettes et ordinateurs pour se familiariser avec le numérique et les aider à se reconstruire.
Contribuer à l’éducation et à la formation des prisonniers et leur permettre de rêver à un avenir meilleur, c’est l’objectif de notre programme « Bibliothèques en prisons » débuté en 2012. Sipar et ses partenaires sont convaincus de l’impact positif de ce programme et ont souhaité aller plus loin en dotant les bibliothèques d’un laboratoire numérique de cinq à dix ordinateurs dont le contenu est consultable par tous, hors ligne. Ces outils numériques interactifs offrent de nouvelles opportunités aux détenus pour poursuivre leur scolarisation secondaire, acquérir des compétences techniques (agriculture, cuisine, mécanique…), approfondir leur maîtrise d’une langue étrangère (anglais, chinois, thaï…), renforcer leurs aptitudes de vie pratique (gestion des finances, préparation à l’emploi, gestion d’une micro-entreprise…) et développer leurs connaissances des bases de l’informatique. Ce programme constitue une grande innovation dans le contexte cambodgien. Les avancées rapides dans le domaine du numérique dans le pays sont telles que sa maîtrise devient de plus en plus nécessaire, particulièrement pour des jeunes en rupture de socialisation.
Durant ces trois ans, nous poursuivrons et renforcerons également les services de consultation et de prêt de livres et introduirons des activités culturelles et de créations littéraires pour favoriser le développement personnel des prisonniers. Les classes d’alphabétisation, qui ont profité à près de 1000 personnes à ce jour, se poursuivront avec un nouveau curriculum, permettant la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul. Les détenus qui souhaitent poursuivre au-delà auront accès aux programmes du secondaire (jusqu’à la terminale) téléchargés dans les ordinateurs du NomadLab.
10 ans d’impact
Au fil des années, nous avons observé une hausse de la fréquentation des services de nos bibliothèques par les détenus. A ce jour, c’est plus de 25% des 38 000 prisonniers qui viennent lire et plus de 124 000 livres qui ont été empruntés au cours des trois dernières années du programme. Les autorités pénitentiaires sont très investies dans le projet et des gardiens – et quelques détenus – sont formés à la gestion de la bibliothèque, une fonction qu’ils apprécient particulièrement. Cette dernière phase du projet a également pour objectif un transfert total et définitif de la gestion des bibliothèques à la Direction Générale des Prisons (DGP). Comme dans tous nos programmes, notre objectif est la pérennité.
Une réinsertion mieux préparée
Depuis quelques années, le gouvernement cambodgien mène une intense campagne de lutte contre les trafics de drogue, ce qui résulte en un nombre croissant d’incarcérations. Les prisons sont surpeuplées et les conditions de détention de plus en plus compliquées. En 2022, c’est environ 70 % des détenus qui sont incarcérés pour ce motif dont une majorité a moins de 25 ans.
Sortir de l’isolement, participer à une meilleure réinsertion et lutter contre la violence en milieu carcéral en offrant une occupation aux détenus des 28 prisons du Cambodge, c’est la mission du programme « Bibliothèques en prisons ».