« Sipar est une magnifique initiative » : rencontre avec notre marraine, marie desplechin
Autrice à succès en France mais aussi au Cambodge grâce à son titre Verte que nous avons traduit en khmer en 2021, Marie Desplechin est marraine de Sipar depuis 2014. Elle a également coécrit le livre Sothik, autobiographie de notre directeur Sothik Hok au Cambodge, qui a grandi sous le régime des Khmers Rouges. Engagée, elle croit fermement en la mission de Sipar et à l’importance de la lecture.
Sipar : Quand as-tu rencontré Sipar ?
Marie Desplechin : En 2012, Suzanne Sevray me parle du Sipar, m’amène à Versailles et j’ai adoré l’association. Je suis arrivée comme ça puis je suis rapidement partie au Cambodge rencontrer les équipes et les bénéficiaires. Je ne cherchais pas spécialement à m’investir dans une association, Sipar a juste croisé mon chemin.
Sipar : Pourquoi as-tu accepté de devenir marraine ?
MD : J’étais une adolescente dans les années 70 et je me souviens avoir été fascinée par l’arrivée des Khmers Rouges au Cambodge, pensant, avec une vision d’adolescente, que c’était une révolution pour le peuple par le peuple. Mais après la chute de Phnom Penh, on n’a plus du tout entendu parler du Cambodge. Quand j’ai appris toutes les horreurs qui se sont déroulées, je me suis dit « si j’ai l’occasion de faire quelque chose pour eux, alors je le fais. » Au sein de ma famille, on gravitait aussi un peu autour du Cambodge donc ce lien a toujours été là.
Sipar : Qu’est-ce que vous avez en commun avec l’association ?
MD : Je suis autrice jeunesse et je crois vraiment au pouvoir de la transmission, à celui de faire société, faire humanité ensemble. Sipar c’est un truc vraiment généreux, c’est un savoir-faire qui se transmet, on forme, on donne des clés aux gens. L’équipe sur place est 100% khmère et ça pour moi c’était important, que ce soient les khmers qui s’investissent dans le développement de leur pays.
Et puis, bien sûr, le livre. On ne va pas faire la révolution en apprenant à lire mais c’est un outil de bonheur, d’enrichissement, d’ouverture sur les autres qui transcende les cultures et les continents. Le livre c’est le lecteur qui le fait dans sa tête, c’est lui qui le fabrique avec ses images. Offrir un livre c’est vraiment ce qu’on peut faire de mieux.
Sipar : Raconte-nous ta collaboration avec Sothik
MD : J’ai rencontré Sothik la première fois où je suis venue au Cambodge, il est venu me chercher à l’aéroport. Trafic chargé dans les rues de Phnom Penh, Sothik commence à me raconter son enfance sous les Khmers Rouges. Il me dit alors qu’il faudrait qu’il écrive un livre un jour mais qu’il n’a pas le temps. Puis je fais mes activités au Cambodge, des ateliers d’écritures entre autres et je visite les différents projets de l’association, on ne se voit pas beaucoup avec Sothik. La veille de partir, après trois semaines passées au Cambodge, je propose à Sothik de co-écrire ce livre. On a fait des aller-retours comme ça pendant à peu près un an jusqu’à la publication. Je savais que ça allait être bien, c’est un peu Tom Sawyer qui raconte ses aventures. Ça marche très bien auprès des enfants et puis surtout ça se termine bien.
Sipar : Sothik est d’ailleurs disponible en français mais aussi en khmer, comme ton livre Verte que nous avons traduit au sein de notre maison d’édition. Ça fait quoi de se dire que des petits Khmers découvrent ta littérature ?
MD : Je suis évidemment très fière. La traduction s’est faite à l’initiative de l’équipe de Phnom Penh et j’espère que les enfants khmers aiment partir à la rencontre de ce monde de l’invisible qui est aussi très présent au Cambodge. Le Cambodge n’est pas un grand pays de lecture du fait de son Histoire, et je suis contente si je peux aussi contribuer à faire lire. C’est pour ça que j’adore Sipar, c’est une magnifique initiative.