Kolap Mao : « J’ai compris le pouvoir des livres pour construire la société cambodgienne »
Responsable du programme consacré au développement de la jeunesse, Kolap Mao travaille à Sipar au Cambodge depuis mai 2022. Son expérience dans la bibliothéconomie est un atout majeur pour le développement de Sipar.
Peux-tu te présenter ? Quelles sont tes missions pour Sipar ?
Je travaille dans le domaine des bibliothèques depuis 2000. J’ai obtenu une maîtrise en bibliothéconomie et en sciences de l’information en 2010 aux États-Unis. À mon retour de mes études à l’étranger, j’ai repris mon poste de directrice de la bibliothèque de l’Université Pannasastra au Cambodge.
En plus de la bibliothèque, je me suis rapidement impliquée dans des activités pour les jeunes depuis le début des années 2000, tant sur le campus qu’à l’extérieur du campus. Plus tard, j’ai été officiellement nommé responsable des affaires étudiantes, en plus de mon poste de directrice de la bibliothèque.
Quand j’étais jeune, je voulais être législatrice. Je croyais que j’aurais le pouvoir de créer des lois qui peuvent harmoniser la société et rendre justice. Quand j’ai eu l’occasion de visiter des bibliothèques aux États-Unis, j’ai commencé à comprendre que pour aider la société cambodgienne, je devais devenir bibliothécaire. La loi ne peut pas protéger les gens s’ils ne sont pas informés et n’ont pas accès à l’information. C’est là-bas que j’ai compris le pouvoir de l’information et des bibliothèques : les livres allaient contribuer au développement de mon pays.
Tous les secteurs sur lesquels Sipar cible son action, y compris l’édition de livres, la promotion de la lecture, des bibliothèques et de l’éducation et l’autonomisation des jeunes, correspondent à ma mission de vie. En participant à la mission de Sipar, c’est comme si j’accomplissais ma mission. Ce match parfait m’apporte de la joie lorsque je viens chez Sipar tous les jours, quels que soient les défis auxquels mon équipe et moi-même sommes confrontés.
Chez Sipar, je suis responsable du programme bibliothèques et développement de la jeunesse. Je gère également le programme de formation en bibliothéconomie et je participe à la conception des stratégies Sipar. Je participe aussi à la conception et la mise en œuvre du programme de formation et bien-être du personnel. Par exemple, depuis l’année dernière, Sipar organise des cours d’anglais pour les bibliothécaires-éducateurs des bibliomobiles.
Que penses-tu du projet jeunesse et de son évolution ?
Les objectifs et les activités du projet d’autonomisation de la jeunesse cambodgienne sont alignés sur le plan stratégique du gouvernement. Ainsi, cela nous permet de travailler facilement avec les membres du ministère de l’éducation pour atteindre nos objectifs communs.
Je suis convaincue que le modèle de notre projet peut être mis en place dans tous les lycées du pays. Parce qu’il est aligné avec la stratégie gouvernementale d’une part et parce qu’il nécessite peu de ressources financières pour le mettre en œuvre d’autre part.
Qu’est-ce qui te rend fière de ce projet ?
Je suis fière de ce projet parce qu’il est important et pertinent par rapport à la situation actuelle au Cambodge. Sans ce projet, il n’y aurait pas de coin d’orientation professionnelle dans les bibliothèques. Il n’y aurait pas de forums des carrières dans les écoles secondaires publiques. Sans ce projet, les élèves du secondaire terminent leur scolarité sans aucun objectif. Il est essentiel qu’ils puissent disposer d’informations adéquates pour prendre des décisions concernant leur futur.
Est-ce que tu as une anecdote à partager avec nous ?
Lorsque j’ai visité un lycée cible à Ratanakiri, à environ 530 km de Phnom Penh, j’ai remarqué qu’une petite fille empruntait principalement des livres de sciences. Je lui ai demandé pourquoi elle lisait ces livres et elle m’a répondu qu’elle voulait être ingénieure. Je lui ai demandé pourquoi, alors que beaucoup d’étudiants veulent être enseignant, médecin ou policier. Elle m’a dit que c’était parce qu’elle s’était rendue au forum des carrières, mis en place dans le cadre de notre projet. Elle y a découvert les métiers de l’ingénierie. C’est là que j’ai été témoin de l’impact profond sur notre projet.